
Y'a pas à dire, Orlando c'était nul. L'erreur de parcours, l'étape pour rien. Nous l'avions senti venir et n'y avions prévu qu'une courte halte, afin de couper les longs très longs trajets. Grand bien nous en a pris. Ni nous, ni nos porte-monnaie n'ont choisi de succomber au charme de Mickey. Ce ne sont pourtant pas les parcs d'attractions qui manquent. A vrai dire, il n'y a que ça à faire.
Il nous paraissait néanmoins que nous trouverions de quoi occuper ces deux jours. Erreur. Lorsque nous avons fait part de notre volonté de visiter le downtown au lieu d'aller nous adonner aux joies des trains fantômes et autres parades, les gens semblaient sacrément surpris.Tu m'étonnes! Des touristes à Orlando pour Orlando ça fait un peu tâche. La ville ne vit que par et pour ses parcs. Etait-on bien sûres de vouloir nous rendre dans le centre? C'est' y une bien drôle d'idée pour des p'tites jeunes filles comme vous. Nous avons été mises en garde à plusieurs reprises...prudence, ne pas trop s'attarder...avec un tableau a priori peu ragoûtant. Il fallait tout de même vérifier par nous-mêmes. Et il est vrai que côté coulisses Orlando est un centre-ville glauque et tristounet, c'est le moins qu'on puisse dire. Et que dire de la gare des bus? C'était...intéressant.
Vu l'intérêt du lieu, le photographe ne s'est pas beaucoup foulé. Il reste tout de même bien des choses à raconter. Revenir par exemple sur ces fameux trajets en Greyhound...qui confirment certains clichés. Le bus est le moyen meilleur marché pour se déplacer. Les classes moyennes préfèrent l'avion ou la voiture. Etant données les distances, on ne se demande pas pourquoi. Lorsque nous étions dans les grandes villes du Nord, les passagers étaient plus mélangés. Mais dès la descente vers le Sud, nous étions désormais les seules touristes. Blanches de surcroît. Tout cela est assez révélateur. Ce sont bel et bien les populations les plus modestes (pour ne pas dire pauvres) qui voyagent ainsi, et comme de par hasard nous n'étions qu'avec des gens d'origine hispanique et surtout des afro-américains. On pouvait compter les white people sur les doigts de la main, lorsque nous n'étions pas tout simplement les deux seules "blanches". Nous en avons entendu des vertes et des pas mûres sur ces trajets en Greyhound, des histoires toutes plus glauques les unes que les autres. Mais tout s'est bien passé pour nous. Doit-on le mettre sur le coup de la chance? Nous n'avons pas trouvé de cadavre dans les toilettes du bus et nous n'avons pas eu à négocier de cam dans les gares. Et hormis une petite frayeur, nos sacs ne se sont même pas perdus en cours de route!
Ces mini-épopées sont néanmoins mémorables. Des tranches d'une vingtaine d'heures (un peu plus un peu moins), coupées toutes les deux heures environ. Les nuits en pointillés, dans toutes les positions possibles, et tentant de faire fi du boulet qui éprouve le besoin de raconter sa vie à haute voix à 3h du mat. Un peu de répit pleaaaaaaaase! Les attentes d'un quart d'heure à plus d'une heure en plein milieu de la nuit dans ces gares peu voire pas accueillantes du tout. Les changements de bus, la petite montée d'adrénaline avant d'avoir retrouvé le sac caché sous le tas des pauvres bagages jetés énergiquement hors du coffre. Et l'attente dans la queue (prévoir 1h) puisqu'il n'existe pas de système de réservation des places. Premier arrivé, premier servi. C'est la condition pour être certain(e) d'être du convoi. Prochaine destination? Miami.